.... celle que l'on trouve au fond du regard des enfants et de tout animal
Un très beau texte de Alessandro Zara Ferrante qui, en trois circonstances décrites, fera le parallèle entre l'innocence d'un enfant face à celle d'un animal
Alessandro partage sa vie depuis quelques mois avec un pauvre chien arrivé chez lui squelettique après des mois d'abandon. Un pauvre chien, qui, quand Alessandro l'amène en promenade dans la campagne semble toujours poser cette question dans un regard chargé d'innocence "et qu'est ce que je suis censé faire ici maintenant?", la même question posée probablement et avec le même regard d'innocence à celui qui un jour l'avait abandonné dans un coin de campagne similaire à celui-ci. Mais depuis le pauvre chien a compris que la réponse à sa question ne pouvait être que "jouer" dorénavant.
Cette même innocence dans le regard, il la retrouvera chez ces petits veaux d'un an choisis pour participer à une becerrada de El Escorial et qui, du haut de la confiance acquise dans ces prés qui les ont vu grandir, poseront ce regard plein d'innocence sur la foule semblant poser la question " et qu'est ce que l'on est censé faire ici maintenant?", n'ayant pas envisagé un instant que la réponse puisse être "mourir"
Vingt minutes d'horreur où ces petits veaux seront martyrisés par une population qui se la joue "torero" ... Vingt minutes de cris, de hurlement de ces veaux transpercés par des lances tenues par les mains cruelles d'une populace totalement imprégnée d'alcool. Et au milieu de toute cette haine transmise des adultes aux enfants, il y aura cette petite fille, habillée en tenue locale, que l'on approchera de celui qui est là pour achever les veaux agonisants et qui le regard fier mettra les oreilles d'un des pauvres veaux entre ses mains de petite fille. La petite fille soupèsera les oreilles dans ses mains, les regardera et dirigera son regard vers le tueur, puis vers le public et avec la même innocence que celle qui, vingt minutes auraparavant, était dans le regard de ce pauvre veau c'est cette question qu'elle semble poser à l'entourage " et qu'est ce que je suis censée faire ici maintenant?" . Elle n'aura pas besoin d'une réponse et sans bien comprendre ce qui se passe, dans l'innocence de son coeur manipulé par une soit disant tradition, elle présentera les oreilles à la foule. Et il en sera ainsi pour chacun des veaux dont on abrègera la souffrance.
Quand pour le troisième petit veau, on approchera à nouveau la petite fille près du cadavre, il n'y avait plus d'innocence dans son regard mais de la terreur, de l'angoisse, un regard qu'elle n'arrivait pas à détourner de ce veau encore moribond, comme hypnotisée et probablement (et tant mieux pour elle) sans remarquer que sous cette peau noire et brillante du petit veau palpitaient encore les muscles
Le même regard, la même question, la même angoisse et la même innocence devant l'absence de réponse chez tous ces êtres de quelque espèce qu'ils soient, humains ou nons humains
Vidéo du PACMA dénonçant de plus la présence des enfants dans ces becerradas horribles où les oreilles des veaux sont arrachées alors qu'ils sont encore en vie!