LUNA : Docteur es Alzheimer

24 novembre 2007 6 24 /11 /novembre /2007 23:02

http://www.scoobymedina.com/home_fr.htm

Quand il faut décrire les sentiments réciproques qui surgissent quand on vit avec un ami à quatre pattes, la plupart des gens utilise la fiction, en disant que leur ami peut parler. Je ne critique pas cette expression, c’est juste que pour parler d’une de mes amies qui vit chez moi, je vais le faire en tant qu’ami et propriétaire de Luna.

Luna est une Galga “déchet”, comme l’a appelée son précédent maître, et elle est arrivée à Scooby dans un état abominable. Nous savons tous à quel point Fermín et Maria José se consacrent entièrement au refuge, mais en dépit du super travail qu’ils accomplissent, ils sont parfois anéantis par la cruauté des “propriétaires “ de chiens et l’exploitation qu’ils en font, surtout avec les Galgos.

Parler de Luna comme d’un déchet est synonyme, pour nous, de VALEUR et de VIE ENSEMBLE dans une tâche quotidienne et elle l’a montré avec les personnes âgées atteintes d’ Alzheimer, ce qui, nous le savons tous, est une maladie neuro-dégénératrice qui affectent les personnes malades mais aussi leur entourage, détruisant la vie sociale et plongeant presque toujours les malades dans une apathie concernant tous les aspects de la vie.

Luna effectue un travail thérapeutique si important, sans avoir reçu aucun entraînement spécifique, elle le fait instinctivement. Je parle de la façon excellente et complète qu’elle a de faire plaisir, affectueuse et sélective, sentant intuitivement l’humeur de la personne dont elle s’approche pour demander une caresse ou un mot d’amour, sans insister outre mesure.

Je suis désolé si je vous raconte maintenant l’histoire de Luna. C’est au cours d’une de nos nombreuses visites à Fermín et Maria José dans le refuge Scooby que nous leur avons demandé un chien calme que nous voulions intégrer à notre Centre de Jour (Alzheimer) pour aider nos patients dans leur thérapie. Maria José s’est rapidement investie dans ce projet, et comme toujours a collaboré, en tant que « maman » de tous les chiens. Elle nous a présenté très fièrement une Galga à la couleur fanée, avec le museau et le poitrail déviés, mordues un millier de fois à l’arrière- train, boiteuse de la patte arrière gauche, maigre, petite et isolée dans le chenil.

L’apparence de Luna n’était pas de celles qui font tomber amoureux, la vérité est que si nous avions seulement regardé son apparence physique, elle n’aurait même pas été prise en considération pour l’adoption.

Je dois avouer qu’à ce moment-là je ne pensais pas qu’elle pouvait convenir à la tâche qu’on attendait d’elle. Cela, en considérant les situations difficiles par lesquelles elle avait du passer, plus son état physique abominable et en imaginant que sa personnalité avait du en pâtir gravement.

J’ai toujours pensé que même lorsque nous croyons pouvoir choisir, notre destinée a déjà été décidée dans presque toutes les choses de nos vies, surtout quand il s’agit des “partenaires” qui doivent voyager avec nous dans cette aventure qu’on appelle la vie.

Et c’est comme ça que ma femme Virginia, (une autre défenderesse des causes perdues) a su par intuition qu’avec cette petite chienne elle pourrait confirmer sa conviction qu’un Galgo peut développer comme toutes les autres races, la fonction pour laquelle nous la voulions, et ravie d’avoir vu en Luna quelque chose de spécial, a déclaré que Luna venait avec nous, et qu’elle avait trouvé son thérapeute collaborateur pour notre Centre de Jour pour personnes âgées.

Pour remettre Luna en forme, nous avons du la faire opérer, le vétérinaire a enlevé des esquilles de la tête du fémur qui était tellement détruit que les restes ont du être enlevés très méticuleusement. Le vétérinaire nous a dit qu’une telle destruction était due à un impact très puissant qui a pulvérisé la tête du fémur et pour éviter que les éclats continuent d’abîmer les muscles et provoquent une douleur intense qui l’empêcherait de marcher et de vivre normalement, il a du enlever une grande partie de l’os. Il a aussi suturé les plaies qu’elle avait et fait un examen approfondi, bain compris, vermifuge, etc.

Après une période de convalescence et beaucoup de physiothérapie pour que la patte de Luna récupère sa mobilité, nous fûmes en mesure d’affirmer qu’elle boiterait toute sa vie. Pour nous cela n’a aucune importance, et pourtant elle essayait de compenser son handicap en montrant pour nous un amour et une affection particuliers. Sa curieuse façon de nous montrer son amour est de nous mordiller les mains ou autre part, sans que ses crocs ne fassent mal à aucun membre de la famille. Entre nous nous l’appelons « grignote », ce qui nous rend très heureux c’est qu’elle répond très bien aux deux noms.

Je ne veux pas m’étendre trop longtemps sur les qualités de Luna, je me souviens seulement de la merveilleuse impression qu’elle nous avait faite le premier jour où nous l’avons présentée aux personnes âgées de notre Centre de jour. Son arrivée a été quelque chose d’impossible à raconter, elle avait l’air d’avoir fait pendant toute sa vie de la thérapie, parce qu’elle a dit bonjour à chacune des 40 personnes âgées qui vivent dans notre centre, comme si elle était en train d’enregistrer le portrait individuel de chacun d’eux. Et puis elle s’est approchée des plus apathiques et a essayé d’installer une empathie personnalisée avec chacun d’eux. Elle a atteint son objectif avec 99 % des personnes, donc sauf une qui, à cause de son état particulier, est très spéciale dans son train-train quotidien.

Cette première fois, nous ne l’avons pas mise en laisse, et elle n’a eu besoin d’aucun ordre de notre part pour qu’elle fasse ces gens se disputer pour pouvoir la caresser, et pour qu’elle prête à chacun d’eux plus d’attention. En fait, il y a eu des disputes pour “s’approprier” Luna. A tel point que les tartines du petit déjeuner n’ont pas été touchées et qu’ils voulaient les mettre dans leur poches pour lui faire du chantage avec, afin qu’elle accorde plus d’attention à l’un et pas aux autres. Cette situation a été résolue en distribuant à chaque personne un biscuit à donner au chien et comme ça elle aurait tout son petit déjeuner. N’oublions pas qu’il y a 40 personnes, ce jour-là Luna a mangé plus de biscuits que nécessaire, mais c’était, nous le savons, son premier jour en tant que thérapeute.

Quand il est l’heure de la promenade quotidienne que nous faisons avec eux, si la météo le permet, la conduite de Luna est exceptionnelle, elle permet à chaque personne qui marche avec elle de se sentir à l’aise, en restant toujours à côté, ne s’effrayant pas, ne tirant pas sur la laisse, et toujours attentive à la personne qui la promène.

Ceci est le travail quotidien de Luna, qu’elle fait exceptionnellement bien, en plus, elle a appris par elle-même que lorsqu’elle se sent trop envahie par des marques excessives d’amour, elle peut s’éloigner et venir dans le bureau jusqu’à ce que les choses se calment un peu et ensuite elle repart faire ses visites.

Chez nous il y a 8 amis à quatre pattes plus deux chats, depuis que, il y a 34 ans de cela, nous avons décidé de partager notre vie avec eux et nous continuerons ainsi.

Cette histoire n’est pas supposée toucher le cœur de ceux qui la lisent, j’ai seulement voulu montrer que notre grand ami le Galgo est utile à mieux qu’à être le jouet interchangeable de ces types, qui n’ont pas la délicatesse de respecter une vie, même s’il s’agit de celle d’un “animal”.

Je souhaite que chaque personne trouve un compagnon à quatre pattes pour l’accompagner sur la route que nous devons tous faire, que cela nous plaise ou non.

Salutations,

Luis