Ce conte espagnol qui ridiculise les toreros et tous ses acolytes et fait la part belle à la placidité et au pacifisme du taureau date ...... de la guerre civile d'Espagne.
Il était une fois dans l'Espagne ensoleillée un petit taureau s'appelant Ferdinando.
Tous les autres petits taureaux couraient et sautaient toute la journée mais pas Ferdinando qui avait son petit coin favori auprès d'un arbre, s'asseyant à l'ombre toute la journée pour .... sentir le doux parfum des fleurs.
Quelquefois, sa mère, qui était une vache, s'inquiétait pour lui:
"Dis moi Ferdinando pourquoi tu ne vas pas jouer un moment avec les autres" mais Ferdinando secouait la tête " Je préfère rester ici où je peux avoir la tranquillité et .... sentir les fleurs" et comme la vache était une mère très compréhensive elle le laissait assis là-bas.
Les années passèrent et Ferdinando grandit et grandit pour devenir un taureau grand et fort.
Tous les autres taureaux ne rêvaient qu'à une chose, être sélectionnés pour les corridas de taureaux de Madrid mais pas Ferdinando qui préférait toujours se coucher tranquillement à l'ombre de son arbre et .... sentir le doux parfum des fleurs.
Un jour, cinq hommes avec de drôles de chapeaux arrivèrent pour emmener avec eux le taureau le plus grand, fort et brave pour une corrida.
Tous les autres taureaux couraient et jouaient la comédie pour que les hommes pensent qu'ils étaient les plus forts et les emportent avec eux
Mais pas Ferdinando, il savait que de toute façon ils ne le choisiraient pas et ne s'en préoccupait pas pour autant et préfèrera retourner à son coin favori pour s'asseoir mais .... il ne fera pas attention qu'il est sur le point de s'asseoir sur le dard même d'une guêpe.
Ferdinando emporté par la douleur se mettra à courir comme un fou, les cinq hommes voyant ça s'écriront " Bravo, excellent, magnifique, splendide, c'est celui que nous cherchions, Viva !!!!"
C'est ainsi que Ferdinando prendra le chemin pour la Plaza de toros de Madrid
Quel grand jour, l'ambiance est à son maximum dans l'arène.
La corrida commencera avec tout d'abord le défilé de la cuadrilla, ensuite les picadores, ensuite sortit le matador le plus orgueilleux de tous ... et pour finir le taureau et vous avez tous compris qu'il s'agira de .... Ferdinando.
Son nouveau nom, Ferdinando le Sauvage ... la cuadrilla terrorisée s'enfuira, les picadores également et le matador était paralysé par la peur. Quand Ferdinando verra les jolies fleurs dans la main du matador il courra jusqu'au centre de l'arène sous les cris de toute la foule croyant qu'il allait attaquer le matador mais Ferdinando arrivé au centre s'assiéra tranquillement et .... sentira le doux parfum des fleurs.
La cuadrilla est furieuse et les picadores idem et le matador ... un véritable volcan de colère " Qu'est ce qui t'arrive Toro Bravo". Le matador tentera tout y compris les horribles grimaces mais Ferdinando restera imperturbablement assis pour .... sentir le doux parfum des fleurs. Le torero furieux s'arrachera les cheveux, piétinera mais Ferdinando restera assis et continuera à .... sentir le doux parfum des fleurs. Le torero le suppliera à genoux "s'il te plait ... fais quelque chose, attaque moi" dira-t-il en lui offrant son poitrail orné d'un beau tatouage de fleur...... Le torero sera déshonoré "je suis un malheureux" criera-t-il en s'effondrant au sol.
C'est ainsi qu'on ramènera Ferdinando au champ et bien sûr il pourra ainsi s'asseoir tranquillement à l'ombre de son arbre favori, heureux et .... sentant le doux parfum des fleurs.
"Quelques faits important méritent d'être mis en lumière:
En Espagne, l'implication du grand mundillo et notamment des éleveurs du Sud dans la rébellion franquiste : Ce fut une des causes de la guerre. La jeune République espagnole voulait mettre en oeuvre une réforme foncière qui attentait notablement aux privilèges des latifundistes. L'analyse sociale et culturelle des causes d'injustices faite par certains intellectuels espagnols justifiait la fin de la tauromachie. C'était, de plus, pour les intellectuels progressistes espagnols un symbole de décadence. Le mundillo a bien essayé d'adapter sa marchandise et les quelques réussites sociales tels ces toreros issus du peuple furent adroitement montés en épingle. Ce leurre social a en fait moins trompé les Espagnols que l'élite médiatique française, laquelle en est encore là aujourd'hui, hélas! C'est pour cela que le clivage droite-gauche n'existe pas en France à propos de la corrida, laquelle reste donc un des dernier débats authentique pour lesquels les engagements sont encore personnels, qu'ils soient honnêtes ou intéressés d'ailleurs... C'est très différent en Espagne. (pour preuve les articles admiratifs des médias français présentant comme une victoire la montée des adolescents toreros).
Corrida, l'art d'initier les enfants au zoosadisme ambiant...Les corridas ont enfin été abolies par le décret du 10 juillet 1937 de la République. Mais la première chose faite par les rebelles après une victoire essentiellement due aux soutiens nazis fût d'offrir au peuple madrilène "la corrida de la Victoire"... C'était le 24 mai 1939.
Notez ici le nom d'un des toreros inscrits à cette corrida, Marcial LALANDA, dont la devise « Arriba España" illustrait les muletas ainsi que celles de ORTEGA et de BIENVENIDA. Ce LALANDA était connu pour s'être illustré aux arènes de Nîmes, Mont de Marsan et Bayonne pendant que la guerre civile faisait rage en son pays. En passant, cela en dit long des municipalités taurines française et surtout de l'engagement correspondant dans le Mundillo avec ses idéologies de façade et ses avantages en coulisse.
Par ailleurs, à la fin de la guerre, Franco accorda aux matadors de remarquables avantages fiscaux. La guerre civile terminée, il devint dangereux de se poser des questions dans la péninsule ibérique. La tauromachie, incontestée comme tout le reste, participa activement à la lobotomisation des esprits. L'Espagne trop meurtrie pour pouvoir s'impliquer dans le second conflit mondial va être l'objet d'intrigues internationales sous une neutralité de façade.
Début des années 40, la France avait ses collabos, elle ne pouvait rien offrir sans prestation étrangère. Les bonnes affaires font les bons amis, même en temps difficiles... "